19
Nelphas

Alix et Foch se retrouvaient avec une joie manifeste. Toutefois, le jeune guerrier remarqua avec tristesse que le temps rattrapait inexorablement le vieil homme et que ce dernier ne semblait pas avoir la force de s’y opposer. Alix n’avait aucune idée de l’âge réel de Foch. Jamais il n’avait pensé faire de recherches quant à la longévité des cyclopes puisqu’il n’imaginait même pas revoir son ami un jour. Tout à ses réflexions, il ne remarqua pas tout de suite l’œil unique du sage qui le scrutait avec attention. Quand le jeune homme s’en rendit enfin compte, il éclata de rire.

— Alors, votre inspection vous a plu ?

Le mage sourit franchement devant la perspicacité de son ancien protégé. Mais son sourire s’estompa aussitôt.

— Je ne crois pas avoir déjà rencontré, au cours de ma longue existence, quelqu’un qui présente autant de cicatrices à un aussi jeune âge…

La voix de Foch était teintée d’un soupçon de reproche et de tristesse. Alix n’en fut pas ému. Il entendait cette remarque tellement souvent maintenant ! Inutile d’essayer de se justifier ou de se dérober ; il s’acceptait, point final.

— Je doute m’être beaucoup assagi depuis notre dernière rencontre…

Le silence plana pendant quelques instants avant qu’Alix reprenne.

— Quoi que vous en pensiez, je suis convaincu que certaines causes méritent qu’on souffre pour elles…

Le vieil homme ne réagit pas. Il continuait à fixer Alix avec attention. « Il est en train de me sonder », pensa ce dernier. Il attendit sans broncher, sachant qu’il ne pourrait pas détourner son ami de sa concentration. Tout en patientant, Alix remarqua que le sage cachait maintenant son orbite vide sous un bandeau beaucoup plus large qu’autrefois. Se pouvait-il que la formule qui avait permis à Foch d’avoir une forme humaine ne fasse plus effet ? Allait-il reprendre une apparence de cyclope après toutes ces années ? Une question fusa alors, tirant brusquement le jeune homme de ses pensées.

— Depuis quand es-tu un Cyldias désigné ?

Alix sursauta. Même s’il avait une assez bonne idée de l’étendue des pouvoirs de Foch, il ne s’attendait pas à ce que ce dernier découvre aussi rapidement la source de ses récents ennuis. Après tout, même Mélijna ne s’en était pas rendu compte ; il le savait parce que la sorcière n’aurait pas manqué une aussi belle occasion de se servir de lui.

— Depuis toujours, je suppose, mais je l’ai appris récemment.

— Cette jeune femme que tu dois protéger, est-elle aussi démunie et ignorante que celles qui l’ont précédée ?

Pour toute réponse, Alix soupira bruyamment avant de laisser tomber platement ;

— C’est la fille d’Andréa.

Il ne souhaitait pas faire l’étalage de la médiocrité de Naïla. Étrangement, au lieu d’en éprouver de la rage et de la frustration, il en était plutôt gêné. Comme si, par le biais de son rôle de protecteur, il était devenu responsable de ce triste état de choses. Foch soupira à son tour, parce qu’il connaissait trop bien le bouillant caractère d’Alix.

— Ça ne doit pas être facile de devoir assumer un tel fardeau. Toi qui ne rêves que de combats, de puissante magie, mais plus que tout de sauver la Terre des Anciens et les autres mondes… Comment supportes-tu cette nouvelle épreuve, qui entraîne vraisemblablement un retard dans l’accomplissement de ton plus grand rêve ? Même si elle peut devenir ta plus précieuse alliée dans cette quête incroyable, tu dois d’abord trouver le moyen de l’amener au sommet de sa puissance sans qu’elle perde prématurément la vie…

Décidément, ce vieux fou n’avait rien perdu de sa perspicacité habituelle. Alix ne répondit pas tout de suite, cherchant la meilleure façon de lui expliquer ce qu’il en était sans se compromettre. Toutefois, Foch le devança. Un faible sourire dérida les traits du sage tandis qu’il assenait le coup de grâce à Alix.

— Tu as peur de tomber amoureux d’elle, n’est-ce pas ? Amoureux de celle à laquelle tu préférerais rester insensible, parce qu’elle serait ainsi beaucoup plus facile à protéger et à servir. Elle ne représenterait alors qu’une mission comme une autre, une simple étape de plus à franchir vers le but que tu t’es fixé. Tu pourrais aussi l’exploiter sans te sentir coupable et n’éprouver aucun remords si elle mourait… Tandis que si tu l’aimes, sa mort entraînera inévitablement la tienne…

Assis dans l’escalier de pierre qui conduisait à l’entrée du sanctuaire des Sages, Alix se passa une main dans les cheveux et poussa un soupir à fendre l’âme. Il avait l’impression de ne faire que cela depuis un certain temps : soupirer. Regardant au loin, il expliqua :

— Tous ceux qui m’entourent, même Uleric, croient qu’un Cyldias désigné meurt automatiquement si celle qu’il est chargé de protéger perd la vie. Je n’ai jamais cherché à les détromper…

Alix passa une nouvelle fois la main dans ses cheveux en bataille avant de reprendre.

— Mais je sais, moi, parce que vous me l’avez enseigné, qu’un Cyldias désigné ne meurt que s’il aime d’amour celle dont il a la garde…

Il fit une pause, puis poursuivit sur un ton de reproche.

— Vous m’avez aussi dit que ces protecteurs n’existaient plus depuis bien longtemps, ayant disparu avec les dernières Filles de Lune dignes de ce nom.

Le vrai problème résidait dans les quatre derniers mots. Il se tourna vers le vieil homme et, contenant difficilement sa colère, avoua :

— Je ne sais même pas d’où je viens ni pourquoi j’ai abouti dans ce monde qui n’est pas le mien. Je ne me connais ni famille ni véritables attaches. Je suis un Être d’Exception aux dons si exceptionnels, justement, qu’il me faut en taire la plupart, pour ma propre sécurité. J’arbore plus de cicatrices résultant de la magie et des combats que tous les habitants de cette terre de misère réunis. Je rêve de retrouver un trône que personne n’a jamais vu, mais j’ignore qui je pourrais bien y asseoir le jour où mes recherches aboutiront enfin. J’ai hérité d’un jumeau qui est, en fait, mon ennemi juré au même titre que sa maudite sorcière et je me suis mis à dos la puissante Wandéline alors que j’étais à peine un homme. Mes songes ne recèlent plus que des images cauchemardesques de la bêtise des hommes et des êtres qu’ils côtoient quand ce ne sont pas les paroles d’une femme qui dit veiller sur moi, mais qui m’est totalement étrangère. Croyez-vous sincèrement que j’avais besoin qu’on m’assigne à la garde d’une Fille de Lune de la lignée maudite aux dons aussi extraordinaires que son ignorance et son inaptitude ?

Le Cyldias se renfrogna, les coudes appuyés sur les genoux.

— Tout de même, aussi démunie soit-elle, il y a au moins un membre de sa famille doté d’une magie suffisamment puissante pour que tu puisses t’éloigner d’elle sans en subir les conséquences. C’est déjà beaucoup mieux que rien, crois-moi.

Admirant la luxuriante végétation des marais entourant le sanctuaire, Alix hocha la tête, las.

— Vous savez aussi bien que moi que ce n’est qu’un répit, rien de plus. Aucun homme ne peut remplacer un Cyldias désigné à long terme, aucun…

Le silence plana à nouveau avant que les deux hommes ne reprennent leur conversation.

 

— D’aussi loin que je me souvienne, Maxandre a toujours répété qu’elle savait que le salut de notre monde viendrait non pas d’un seul individu qui s’assiérait sur le bon trône, mais plutôt d’une alliance entre les forces du bien et du mal, sans jamais préciser davantage sa pensée. Tous croyaient, au sein de l’élite, qu’elle ne savait pas de quoi elle parlait. Pour ma part, je me rappelle m’être plutôt demandé ce qu’elle avait appris que le commun des mortels ignorait toujours, me questionnant sur l’endroit où elle avait trouvé cette précieuse information. Tu sais aussi bien que moi, pour en avoir amplement entendu parler, que cette Fille de Lune, dernière responsable des Gardiennes des Passages, ne parlait jamais à la légère. Elle appuyait toujours ses affirmations sur des bases extrêmement solides, que personne n’osait remettre en question.

— Mais elle a disparu, emportant son secret avec elle, compléta Alix, amer.

— Oui, elle a disparu. Au même titre que la mère de la jeune femme à ta charge. Mais ça ne veut pas nécessairement dire qu’elles ne sont plus de ce monde ou qu’elles n’ont rien laissé derrière elles qui nous permette de comprendre et de réussir là où elles ont échoué, faute de temps. Elles étaient toutes deux beaucoup plus intelligentes que la moyenne des gens, y compris ceux de notre présumée élite. Je ne doute pas un instant qu’elles aient fait le nécessaire pour que leur savoir ne se perde pas. Rappelle-toi que personne n’a jamais vu la dépouille de l’une ou de l’autre…

Alix regardait maintenant son mentor avec un nouvel intérêt. Il n’avait jamais pensé que Maxandre et Andréa puissent être encore en vie ni qu’elles aient été en mesure de laisser un héritage aussi important derrière elles sans en avertir personne. Il était pourtant vrai que la mentalité première des êtres de leur rang consistait à s’arranger pour que leurs découvertes ne soient transmises qu’à des gens qu’elles jugeaient dignes et fiables.

— Vous croyez réellement qu’elles pourraient être vivantes ?

— Je le suis bien, moi !

La réponse détournée de l’hybride ne pouvait être plus claire. Elle fit se redresser le guerrier.

— De combien de temps disposes-tu avant de devoir retourner auprès de ta protégée ?

Alix ouvrit les mains, signifiant son ignorance, puis il esquissa un sourire indulgent pour son compagnon de combat laissé en compagnie de Naïla.

— Aucune idée. Madox ne m’en a pas parlé. Il était bien trop heureux de retrouver la fameuse sœur dont sa mère lui avait tant parlé dans sa jeunesse pour penser à un détail de ce genre. À votre avis ?

Foch eut lui aussi un sourire au souvenir du gamin qu’il avait autrefois croisé en compagnie de sa fascinante mère. Il se rappelait trop bien l’adoration qu’il avait vue dans les yeux de Madox à ce moment-là et les paroles qu’il avait prononcées : « Vous verrez, monsieur. Moi aussi, je me battrai un jour pour sauver la Terre des Anciens. » Le vieux sage n’en avait pas douté un instant, et le croyait aujourd’hui encore.

— Pour ce que j’en sais, tout dépend de la puissance magique de ton remplaçant. Madox est un Déûs, n’est-ce pas ? Doué ?

Alix hocha la tête en guise d’assentiment.

— Ce qui veut dire que tu possèdes tout le temps nécessaire. La seule restriction à ce genre d’arrangement, c’est que tu ne dois pas en abuser…

Alix l’interrompit.

— Un peu comme pour les cellules temporelles ?

Foch hocha la tête à son tour.

— Exactement. Mais contrairement à ce qui concerne la magie temporelle, je serais bien embêté de te dire en quoi consiste exactement un abus ou quelles en seraient les conséquences pour la Fille de Lune ou pour toi. Je ne vis pas depuis suffisamment longtemps pour avoir pu constater les effets de ce genre de magie sur les individus qui transgressent les règles. Je ne peux que te recommander la prudence même si je sais que tu n’en feras jamais qu’à ta tête.

Après l’avoir considéré pendant un moment, Foch ajouta :

— Étonnamment, tu sembles toujours bien t’en tirer…

Alix eut un sourire en coin. Il se doutait bien que la chance ne serait sûrement pas toujours de son côté, mais il préférait faire comme si c’était le cas. Il verrait en temps et lieu comment agir en cas d’abandon de sa bonne étoile. Foch lui posa alors une question qui le prit au dépourvu.

— Quand tu me disais, tout à l’heure, que tes songes étaient habités par une voix de femme disant veiller sur toi, est-ce que tu reconnais l’endroit où tu te trouves alors ?

— Non, il n’y a qu’un épais brouillard tout autour de moi et cette voix que je ne connais pas.

— Un brouillard chaud ou froid ?

Alix tourna vers le sage des yeux étonnés, croyant que ce dernier se moquait de lui. Il réalisa qu’il n’en était rien. Le vieil homme avait plutôt l’air songeur en attendant sa réponse. Alix dut réfléchir un instant avant de lancer :

— Froid je dirais, très froid même. Mais je ne vois pas le rapport avec…

— C’est tout simplement parce que tu n’es jamais retourné là-bas, le coupa Foch d’une voix douce. Sinon, tu saurais…

Méditatif, le vieil homme entrevoyait pourquoi il avait rêvé des édnés en tentant de retrouver Alix, mais il devait vérifier sa théorie, laquelle lui semblait trop extravagante.

— Est-ce que tu as une tache de naissance ? Une marque quelconque que tu n’as jamais vue sur un autre corps que le tien ?

Habitué aux questions étranges de Foch, Alix répondit simplement :

— Bien sûr que j’en ai une ! Mais elle n’est pas unique ; mon frère a la même…

— Qu’est-ce qu’elle représente ? A-t-elle une forme particulière ?

Cette fois, le Cyldias éclata de rire, en dépit du sérieux de son interlocuteur.

— Il faudra vous fier à la parole de mon frère ou à celle des femmes qui ont traversé ma vie puisque je ne l’ai jamais vue. À moins que vous ne vouliez vous-même la contempler ?

Il avait employé un ton moqueur, avec un brin d’insolence. Ce fut au tour du sage d’avoir l’air réellement surpris.

— Il semble que cette marque ait la forme d’un dragon. Pour ma part, elle se trouve au bas de mon dos… Très bas, en fait. Mais vous auriez sûrement plus de chance avec mon frère. Dans son cas, elle se trouve sur sa hanche gauche.

— Donc dissimulée à la plupart des regards. La légende disait vrai…, marmotta le vieil homme.

— Que voulez-vous dire ?

Alix avait posé la question avec un étonnement teinté de méfiance, oubliant son hilarité de l’instant précédent. Sourcils froncés, il regardait son ancien protecteur dans l’attente d’une explication qui ne venait pas. On aurait dit que ce dernier n’avait soudainement plus conscience de sa présence, qu’il se parlait à lui-même. Il murmurait presque. Alix dut tendre l’oreille pour saisir chacune de ses paroles, qui resteraient à jamais gravées dans sa mémoire.

— Il est très probablement celui que les édnés attendent, celui qui leur a été dérobé à la naissance, celui qui devait réparer la faute commise par l’ancêtre. Mais alors, pourquoi est-il un Cyldias ? Cela n’a pas de sens… C’est contraire à ce que l’avenir lui réservait, surtout que cette jeune femme est une descendante d’Acélia la Maudite… À moins que ce ne soit son frère qui… Dans ce cas…

— Je peux savoir à quoi vous faites allusion ? s’impatienta Alix, mettant fin au monologue de Foch.

Le vieil érudit sursauta. Secouant la tête, il regarda Alix comme s’il le voyait pour la première fois. Puis il annonça d’une voix étrangement sereine :

— Tu es un enfant de Bronan, Alix, mais pas n’importe lequel. Tu es un enfant mystique du peuple des édnés, un enfant de la nuit, un enfant des ténèbres. Il est inutile, je crois, que je t’explique ce que cela signifie…

En dépit de tout ce qu’il souhaitait savoir, il y a quelques minutes à peine, Alix n’eut soudain qu’une envie : disparaître. C’est ce qu’il fit, sans même dire au revoir.

Foch n’en fut pas surpris. Même s’il se doutait de l’endroit où s’était éclipsé l’Être d’Exception, il ne tenta pas de le suivre. Il savait que le jeune homme lui ferait signe quand il aurait digéré la nouvelle, ce qui pouvait prendre plusieurs jours. Il se releva péniblement et se dirigea lentement vers le sanctuaire. Il regrettait déjà la présence du Cyldias ; il avait tant de choses à lui dire. Toutefois, il comprenait très bien, trop bien même, comment ce dernier devait se sentir. D’abord Être d’Exception doué, puis Cyldias désigné et, enfin, fils de Bronan, enfant mystique du peuple des édnés ; c’était beaucoup plus que ne pouvait en porter un seul individu, aussi remarquable soit-il. Voilà pourquoi l’érudit ne l’avait pas empêché de partir, craignant les questions qui fuseraient inévitablement par la suite. Il n’avait pas vraiment envie de compléter les informations qu’Alix possédait déjà sur les édnés et le monde qui les abritait, et encore moins d’expliquer pourquoi il en savait lui-même autant sur cette terre perdue. Avec un soupir, Foch se résigna. Il allait devoir reprendre vie poux Wandéline également ; il fallait absolument qu’il lui parle…

 

* *

*

 

Alix reparut juste à l’entrée de son repaire, aux limites des Terres Intérieures. Sans même un regard aux alentours, il passa la porte de la cabane de bois rond, qu’il fit claquer, et se laissa choir sur son lit. La colère et l’amertume qu’il ressentait déjà face à sa mission de Cyldias avaient décuplé à l’annonce de ses origines. Il aurait voulu se convaincre que Foch se trompait, qu’il avait faussement interprété les informations qu’il possédait, que c’était probablement son frère et non lui qui… que… que… Mais Alix savait qu’il perdrait son temps. La façon dont le sage avait annoncé la nouvelle parlait d’elle-même : le grand Protecteur n’avait pas soulevé une possibilité, mais avait plutôt formulé un simple constat, énoncé une vérité. Crue et sans fioritures. Un fait. Il lui faudrait apprendre à vivre avec cette réalité.

Par ailleurs, tant de dons et de choses, passées et présentes, prenaient maintenant un sens que le Cyldias savait, lui aussi, que ce ne pouvait être que la vérité. Il était un enfant de Bronan et un enfant des ténèbres. Pourtant, le fait de l’apprendre, après toutes ces années, n’avait que peu en commun avec l’idée de l’accepter. Pour cela, il avait besoin de temps. Madox lui avait fait savoir que le voyage dans les entrailles de la terre devait durer au moins cinq jours ; il en profiterait donc pour tenter de se ressourcer et, surtout, pour réfléchir à l’avenir, Fille de Lune comprise. Ensuite… Eh bien, on verrait !

 

La montagne aux sacrifices
titlepage.xhtml
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Tremblay,Elisabeth-[Filles de Lune-2]La montagne aux sacrifices(2009).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html